Non au charlatanisme ! La Conférence des Ordres de santé de Madagascar reste ferme à ce sujet. D’ailleurs, « la lutte contre le charlatanisme, l’exercice illégal et la publicité, des pratiques illégales, inacceptables qui nuisent à la santé publique », fait partie des sujets discutés lors de la journée de réflexion sur l’amélioration des soins de santé, le 9 février dernier à Ambatobe. Ce sujet pourrait être lié à la tenue d’une formation intensive en médecine traditionnelle dispensée par l’association FITRAMA. « Après 3 mois de formation qui a débuté cette semaine, les jeunes participants âgés de 18 à 25 ans vont maîtriser la médecine traditionnelle et œuvrer dans leurs localités respectives, en répondant aux fortes demandes d’ouverture des cliniques de cette association », communique le président de ladite association. Une information qui défraie la chronique, non seulement sur les réseaux sociaux mais également auprès des professionnels de santé. Mécontents, ces derniers haussent le ton et ne cessent d’interpeller les autorités compétentes à prendre des mesures face à ce cas de charlatanisme. Outre les agents de santé, des proches et anciens patients de ladite association se plaignent des traitements erronés qu’ils y ont suivi, au point d’intégrer dans les hôpitaux suite à des complications de leurs maladies. Pourtant, ils ont dépensé une fortune pour s’acquérir des « soins naturels », mais en vain.
Le ministère de la Santé interpellé
« Comment les autorités peuvent-elles rester les bras croisés face à une telle aberration et charlatanisme ? Aucun tradipraticien ne fait appel à des personnes étrangères et leur livrer des compétences théoriques. Même un pratiquant de la médecine traditionnelle étudie pendant des années avant de partager leurs acquis. Cela ne se fait pas en 3 mois », s’insurge A.R., parmi les professionnels de santé qui s’est exprimé à ce sujet. Pour sa part, le président de l’Ordre national des médecins (ONM) attend les explications émanant du ministère de la Santé publique. « Nous avons déjà interpellé le ministère de tutelle concernant ce sujet compliqué. Le ministère étant la première entité apte à fournir des informations y afférentes, entre autres sur l’autorisation de la formation, les formateurs, etc. Nous nous exprimerons après cela », avance le Dr Eric Andrianasolo, à la tête de l’ONM. « Nous ne mettons pas en doute la médecine traditionnelle, mais il y a des lois qui la régissent et qui devraient être respectées. Tout comme la vie, la médecine est sacrée », ajoute ce responsable. Le président de l’ONM de rappeler que « la médecine traditionnelle constitue une spécialité auprès de l’Institut national de santé publique et communautaire (INSPC) sis à Mahamasina. Seuls les médecins titulaires d’un Doctorat peuvent avoir accès à cette spécialité ».
« Aucun médicament n’est anodin… »
« Les 3 mois de formation au sein de l’association FITRAMA sont destinés à inculquer aux jeunes la base de la médecine traditionnelle, notamment le massage, les plantes médicinales ou encore les aliments. Les élèves formés ne seront pas des « docteurs » qui pratiquent la médecine moderne. Ils ne vont pas utiliser des médicaments, des équipements médicaux et ne feront pas des interventions chirurgicales. Les tradipraticiens ne seront jamais des médecins (…) ». Jean Nirina Rafanomezantsoa, président de ladite association, l’a précisé pour répondre aux critiques et à la polémique sur ce sujet. Toutefois, le président de l’ONM rappelle qu’« aucun médicament n’est anodin, que ce soit naturel ou de synthèse. Même le Paracétamol pourrait engendrer des effets secondaires pour ceux qui en présentent des allergies. Comment pourrait-on traiter une personne sans connaître sa maladie ? Une toux peut être causée par une tuberculose, une insuffisance cardiaque ou d’autres maladies. Seuls les diagnostics et analyses peuvent le déterminer ».
Pour sa part, l’Ordre national des pharmaciens reconnait le fait que le nombre de tradipraticiens a augmenté à cause de l’absence des centres de santé dans les zones lointaines, la peur de consulter les médecins ainsi que la pauvreté. Certaines associations en tirent profit, au point de violer les lois en vigueur en faisant des publicités. D’autres sont confrontés à des problèmes liés à un conflit d’intérêts. Comme les Ordres de santé, regroupant 7 entités, ou encore les professionnels et même les simples citoyens, il réitère l’appel à la prise de responsabilité des autorités et l’application des lois en vigueur face à l’usurpation de fonction et l’exploitation de la vulnérabilité des concitoyens. Affaire à suivre !
La Rédaction